Don de tissus : acteurs de santé et sportifs mobilisés

A quelques jours de la journée nationale de réflexion sur le don d'organes et de tissus, de la greffe et de reconnaissance aux donneurs (22 juin), le monde sportif lorrain place sous le signe du don de tissus plusieurs de ses prochaines rencontres.
Une opération inédite de sensibilisation lancée par le CHRU de Nancy et l’Agence de la biomédecine, en lien avec l’ADDOTH.

tissus france3 compil

Voir les reportages de l’Est Républicain - France 3 (19/20 Lorraine 03.05.19) et France Bleu Sud Lorraine reportage du matin 04.05.19.

 

La greffe de tissus peut sauver des vies.

Depuis 2018, les banques de tissus françaises fonctionnent à flux très tendus, les centres hospitaliers reportent des greffes et doivent importer des tissus en provenance d’autres pays européens.

Alors que les organisations évoluent pour faciliter le prélèvement de tissus, le CHRU de Nancy et l’Agence de la biomédecine en lien avec l’ADDOTH, lancent une action inédite pour sensibiliser à l’importance de la réflexion sur le don de tissus, dans ce contexte de pénurie nationale.

Football, basketball, handball, hockey… le monde sportif lorrain se joint à la démarche en plaçant sous le signe du don de tissus plusieurs de ses prochaines rencontres. Premier rendez-vous le 10 mai 2019 au Stade Marcel Picot de Nancy pour le derby ASNL / FC Metz, en partenariat avec l’Est Républicain et le Républicain Lorrain.


Le don de tissus, à quoi ça sert ?

Si le don d’organes (cœur, poumon, rein, foie, pancréas) est un sujet a priori plus ancré dans les esprits, le don de tissus, tout aussi important, souffre d’une profonde méconnaissance. Aussi bien chez le grand public que parmi les professionnels de santé.

Les tissus sont essentiels au fonctionnement du corps humain

Les os, les tendons, les ligaments, les ménisques assurent la qualité de nos mouvements.
Les vaisseaux, les artères et les veines maintiennent notre circulation sanguine.
La peau nous protège.
Les cornées sont indispensables à la vue.

Dans quelques situations, l’autogreffe est possible (tissu prélevé chez une personne pour être greffé sur elle-même).
Par ailleurs, les prothèses et le développement des biomatériaux et impressions 3D, sont une alternative limitée (risque infectieux, durée dans le temps, etc.).

L’allogreffe de tissus humains (prélevés chez un donneur et greffés sur un receveur) reste la solution la plus adaptée, voire la seule possible, dans la grande majorité des cas.

Et contrairement aux organes, les tissus ne sont pas concernés par la compatibilité donneur / receveur et le risque de rejet du greffon.

Le don de peau : « Seul l’épiderme, soit une couche superficielle de 0,3 mm, est prélevé sur le dos, les cuisses, explique le Dr Laëtitia Goffinet, chirurgien plastique et esthétique au sein du service de Chirurgie pédiatrique orthopédique du CHRU de Nancy, spécialisée dans le traitement aigu et la reconstruction des séquelles de brûlures de l'enfant. La peau de donneur est l’indispensable à la survie du très grand brûlé.

Le don d’os : la greffe peut remplacer un os atteint par un cancer ou une fracture, et combler des pertes de substances osseuses entraînant des douleurs ou fragilisant le squelette. Tout ou partie de l’os est remplacé. Pr François Sirveaux, chef du pôle lorrain de Chirurgie de l’Appareil locomoteur du CHRU de Nancy : « La reconstruction des pertes de substances osseuses et ligamentaires est nécessaire dans de nombreuses circonstances, comme dans la chirurgie des tumeurs, les séquelles de traumatismes ou les reprises de prothèses. Ces greffes proviennent d’un donneur et les besoins sont croissants. »

Les artères
Ces vaisseaux sanguins transportent du sang en provenance du cœur vers les organes.
Les greffes d’artères sont une urgence vitale en cas d’infection de prothèses, elles peuvent être indispensables suite à une malformation, une maladie.

Les valves cardiaques
Ces sortes de clapets à l’intérieur du cœur permettent de séparer les différentes cavités, et organisent la circulation du sang en sens unique.
Les greffes de valves permettent de remplacer des valves cardiaques défaillantes, en cas de malformations congénitales, d’endocardites.

Les tendons, ligaments et ménisques
Les tendons permettent de relier un muscle à un os. Les ligaments, eux, relient deux os d’une articulation ou servent à maintenir les organes. Les ménisques sont essentiels à l’articulation du genou. Ces tissus ne se réparent pas, les greffes de tendons peuvent être indiquées en cas de rupture et de réparation d’articulation.

La cornée
C’est la partie superficielle de l’œil. Véritable fenêtre sur l’extérieur, elle doit être transparente pour transmettre la lumière au cristallin et à la rétine, indispensable à la vue.
Lorsqu’une personne a des troubles de la vision importants ou de fortes douleurs dues à une atteinte de la cornée, la greffe de cornée peut être le seul traitement possible.

En 2017 en France, le nombre de donneurs de tissus provenant de donneurs décédés et de donneurs vivants a augmenté ; il concerne au total 42 165 donneurs (+ 1 122 par rapport à 2016). 52 164 personnes ont ainsi pu bénéficier d'une greffe (+ 7 497 par rapport à 2016). Cette augmentation, très variable selon le type de tissu, n'est cependant pas suffisante pour couvrir tous les besoins.


Comment donner ses tissus ?

Il existe deux modalités pour donner des tissus.

• De son vivant, par le recueil de ses résidus opératoires : membranes amniotiques lors des accouchements, têtes fémorales lors de la mise en place de prothèses de hanche…

• Par un don post-mortem :
> en cas de mort encéphalique, le prélèvement multi-organes peut être accompagné d’un prélèvement des tissus
> à cœur arrêté, les tissus peuvent être prélevés dans les 24h. Tout prélèvement fait l’objet d’une reconstruction, dans le plus grand respect du corps de la personne décédée.

En France, la loi indique que nous sommes tous donneurs d’organes et de tissus, sauf si nous avons exprimé un refus, via le registre national des refus ou auprès de nos proches.

Les règles qui régissent le don de tissus sont les mêmes que celles du don d’organes : anonymat du donneur et du receveur, gratuité du don, consentement présumé.
Il n’y a pas de limite d’âge et peu de contre-indications pour donner ses organes et ses tissus.


Les acteurs du don et de la greffe d’organes et de tissus 
en Meurthe-et-Moselle


Le CHRU de Nancy, centre autorisé pour les prélèvements et les greffes

L’Unité de Prélèvement d’Organes et de Tissus (UPOT) coordonne l’activité : recensement des donneurs potentiels, recherche de la volonté du défunt, entretien avec les proches, liens permanents avec les équipes (réanimation, spécialité médicales, laboratoires d’analyses, radiologie, blocs opératoires, Agence de la biomédecine, organismes de transports).

Tissus prélevés au CHRU de Nancy en 2018 : cornées (46), peau (8), vaisseaux (3 donneurs), valves cardiaques (3), os longs massifs (6)

La banque de tissus, au sein de l’Unité de Thérapie Cellulaire et banque de Tissus (UTCT) du CHRU, est autorisée par l’ANSM pour la validation, la conservation, la cession et la distribution de tissus destinés à la greffe : cornées, os massifs, têtes fémorales, artères, tendons & ligaments et membranes amniotiques.
L’équipe de la banque de tissus du CHRU de Nancy collabore avec différents sites de prélèvement de la région Grand Est. Après réception de ces tissus prélevés, l’équipe valide leur qualité tissulaire et leur sécurité sanitaire est garantie afin d‘éviter toute risque de transmission de maladies.
Ces tissus sont distribués dans les services greffeurs du CHRU de Nancy (chirurgie orthopédique et traumatologique, chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice, chirurgie pédiatrique orthopédique, chirurgie vasculaire, ophtalmologie) et d’autres établissements greffeurs comme Reims, Strasbourg, Metz.

Tissus greffés au CHRU de Nancy en 2018 : cornées (14), vaisseaux (14), membranes amniotiques (26), tête fémorale (45), os massifs (6)


L’Agence de la biomédecine, pour un accès égal à la greffe
Agence de l’État placée sous la tutelle du ministère chargé de la santé, elle a été créée par la loi de bioéthique de 2004.
Elle exerce ses missions dans les domaines du prélèvement et de la greffe d’organes, de tissus et de cellules, ainsi que dans les domaines de la procréation, de l’embryologie et de la génétique humaines.
L’Agence de la biomédecine met tout en œuvre pour que chaque malade reçoive les soins dont il a besoin, dans le respect des règles de sécurité sanitaire, d’éthique et d’équité, sur tous les territoires.
Par son expertise, elle est l’autorité de référence sur les aspects médicaux, scientifiques et éthiques relatifs à ces questions.


PRELOR, pour améliorer le prélèvement sur le territoire
Le réseau lorrain réunit 5 établissements publics autorisés à prélever organes et tissus qui mutualisent leurs moyens pour améliorer le recensement et la prise en charge des donneurs potentiels.


L’ADDOTH, pour informer et sensibiliser le public
L’Association Départementale pour le Don d’Organes et de Tissus Humains a pour objet l’information, la sensibilisation et la promotion, auprès du public, du don d’organes et de tissus. Greffés, proches de donneurs et bénévoles se mobilisent toute l’année pour organiser de nombreuses actions en Meurthe-et-Moselle.

En savoir + sur le don et la greffe d'organes et de tissus : https://www.dondorganes.fr/